Michel-Henry Namy
Le Management, c’est quoi?
Le Management n’est pas une science, mais c’est un art. C’est la capacité du Manager à réussir à aligner ses équipes vers les objectifs fixés, à la manière d’un chef d’orchestre.
D’une manière moins prosaïque, les compétences managériales portent sur les deux volets que sont d’une part le savoir-être et d’autre part le savoir-faire du Manager.
Dans le cadre de cet article nous ne traiterons pas des compétences de savoir-faire requises, dans la mesure où il s’agit de compétences à caractère « technique », donc plus faciles à acquérir (Dans ce but on pourra se reporter à la page Services du site https://www.reedx.org).
En revanche nous allons nous focaliser sur les qualités requises par un Manager en matière de savoir-être dans l’exercice de ses activités.
Cet article est le premier d’une série de 3 autres, qui traiteront des différentes caractéristiques du savoir-être managérial tel qu’il devrait être pratiqué en entreprise. Les différentes caractéristiques du savoir-être managérial sont les suivantes :
· Capacité pour le Manager à se connaitre,
· Aptitude à gérer sa relation individuelle vis-à-vis des autres,
· Maitrise comportementale dans sa relation à un groupe de personnes.
« Connais-toi toi-même »
Traitons du premier volet : Comment se connaitre soi-même ?
o Pour un Manager (d’ailleurs comme tout un chacun) c’est d’abord savoir identifier ses points forts et particulièrement ses valeurs :
En général on pense les connaitre, mais la réalité est souvent toute autre, car connaitre ses points forts est essentiel si l’on souhaite être efficace.
Identifier ses points forts nécessite de s’interroger sur le résultat obtenu lorsque l’on a pris une décision importante, par rapport au résultat escompté.
Cette méthode appliquée rétrospectivement à des situations vécues, permet de se rendre compte de ses points forts et dans quels domaines on peut encore progresser, en évitant une forme d’aveuglement, tout en se constituant un solide socle de confiance. Une telle méthode peut aussi s’appliquer à ses points faibles, qu’il est nécessaire d’identifier, mais qu’il est vain de combattre, l’efficacité recommandant alors de s’entourer des compétences correspondantes.
o Pour un Manager c’est ensuite avoir compris son style de management :
Tout Manager possède son propre style de management, et savoir l'identifier est fondamental dans une approche managériale. En effet schématiquement tout style de management repose sur trois modes fondamentaux : L'animation, la transaction et l’imposition.
L'animation : L'animation c'est la capacité à s'adresser à d’autres personnes avec des accents charismatiques, c’est-à-dire en faisant appel à leurs sentiments ou à leurs émotions.
La transaction : Dans la transaction, sur base d'une argumentation rationnelle, chacun doit faire des concessions afin d'arriver à un compromis acceptable pour les uns comme pour les autres.
L’imposition : Dans cette situation le Manager connaissant ses objectifs et la direction vers laquelle il souhaite se diriger, va imposer sa solution à tous.
Dans la pratique un style de management correspond à une combinaison de ces trois modes avec des niveaux d’intensité différents. On parlera par exemple d’un mode (1,3,1) pour quelqu’un qui privilégie le mode transactionnel.
Tout personne possède un mode "dominant", qu’il va adapter marginalement en fonction de la situation managériale rencontrée : son degré d’implication, son niveau émotif, ses enjeux décisionnels, son ressenti conflictuel, son état psychologique, son niveau de stress, son historique relationnel, etc.
o Pour un Manager (mais pas que…) c’est encore comprendre tout particulièrement sa façon d’écouter, et en conséquence son mode de communication, avec plus largement ses méthodes de travail :
Savoir écouter c’est d’abord savoir se taire… car bien écouter permet d’entendre son interlocuteur, et ainsi le comprendre.
On pense généralement que pour être un bon Manager, il n’est pas nécessaire de savoir écouter. Qu’un leader doit savoir ce qu’il veut, sans doute en lien avec le mode de l’imposition, et doit savoir clairement exprimer ses attentes.
Or l’art de savoir écouter implique d’abord de se focaliser sur ce que dit l’interlocuteur pour comprendre ce qu’il vous dit, et aussi de savoir créer les conditions d’une écoute de qualité.
Comme pour la communication, qui n’est qu’un mode de travail comme un autre, le Manager doit se poser la question sur la façon avec laquelle il est le plus efficace, travailler seul ou en groupe, être en mode interactif ou non, lire des documents ou écouter des échanges.
C’est en fonction du contexte qu’il s’agisse d’un travail de recherche, d’un échange d’informations, d’une séance de créativité, d’un processus de décision, d’une négociation, etc. qu’il devra adapter sa méthode.
Dans une relation de communication, donner son avis tel qu’il est, est souhaitable, mais de manière positive, car la critique mal formulée est destructive. En effet la critique stimule notre conditionnement comportemental naturel de recherche de sécurité, alors que la critique positive a l’effet inverse, la réflexion.
o Pour un Manager c’est aussi être en mesure de gérer son stress et ses émotions :
La vie est un conflit permanent, tout particulièrement pour un Manager. La nature même de ses fonctions le place au cœur de l’entreprise, théâtre où se joue la comédie humaine.
En effet, au sein de l’entreprise se heurtent en permanence évènements factuels, situations urgentes ou critiques, intérêts contraires, questions d’éthique ou de valeur à trancher, problèmes relationnels, etc...
Comment le Manager peut-il faire ?
C’est en premier lieu gérer son propre hiatus conflictuel, en s’appliquant à lui-même des principes qu’il devra ensuite appliquer aux autres, aux nombres desquels figurent de manière non exhaustive : pratiquer le savoir vivre, savoir exprimer ses sentiments, valoriser l’engagement plus que le résultat, se défaire de la défiance de l’échec, nuancer les comparaisons, etc…
En conclusion, apprendre à se connaitre revient à pratiquer le « test du miroir », un exercice d’introspection qui permet de se regarder en face tel que l’on est et comprendre l’écart éventuel existant avec l’image que l’on devrait donner.
Pour progresser, on peut peut-être entrer en analyse, ou plus simplement effectuer fréquemment ce « test du miroir ». La psychologie de l’humain étant sans doute analogue à la plasticité cérébrale, tel doit être aussi notre savoir-être, qui à la manière d’un « muscle » que l’on développe, peut se « travailler » afin de pouvoir présenter la meilleure version de soi-même.